Triomphe
des Arts

Livret





 

 



 


 

A Monseigneur le Duc de Bourgogne.

Prince, c'est à TOI seul que je dois cet Ouvrage ;
Le seul choix du sujet T'en assurera l'hommage ;
J'offre les Arts vainqueurs à leur jeune Apollon ;
Sans doute après mon Titre on attendait TON NOM.
Fidèle imitateur de LOUIS, de TON Père,
TU nourris pour  les Arts un goût héréditaire ;
Tes bienfaits T'ont déjà mérité leurs efforts ;
Qu'ils se hâtent pour TOI d'ouvrir tous leurs trésors.
Que déjà Calliope en devançant l'histoire
Aux Siècles à venir consacre Ta mémoire,
Et que la Terre entière instruite par ta voix
Puisse par Tes vertus présager Tes exploits.
Ne crains point de son art la flatteuse imposture,
Elle n'aura pour TOI qu'une louange pure ;
Il est vrai que souvent le plus sincère Auteur
Est forcé d'employer un style adulateur,
Que souvent à des Grands qu'il feint de méconnaître
Il dit moins ce qu'ils sont que ce qu'ils devraient être,
Et que pour assouvir un orgueil qui lui sert,
Il habille en louange un reproche couvert ;
Mais faut-il à son  art imputer ce caprice ?
C'est la faute d'un Grand qui veut qu'on l'applaudisse ;
A des éloges vains il se laisse éblouir,
Il veut s'en rendre indigne, & pourtant en jouir.
Cet intérêt le rend libéral, magnifique,
Mais Tu reçus du Ciel un coeur plus héroïque.
Ton seul goût pour les Arts fait agir ta bonté ;
TU ne les aimes point pour en être flatté ;
Libre comme LOUIS, de cet abus étrange
TU cherches la vertu sans chercher la louange,
Et lorsque pour les Arts je célèbre Tes soins
Je sais que c'est à TOI que je plairai le moins.