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L'Origine de la Tragédie.

Evanthius,  dans son traité De Tragaedia et comoedia, explique que la tragédie  à  l'origine un poème que chantait un choeur de satyres en s'accompagnant de flûtes.

La tragédie est née des des cérémonies liées au culte  de Dionysos à l'occasion desquelles il y avait une chasse suivie de sacrifices sanglants, de danses et d'un chant lyrique (dithyrambe) à la gloire de la divinité.

La Tragédie Grecque

Si le culte de Dionysos est à son origine, la tragédie en tant que spectacle et expression artistique ne prit son ampleur qu'à partir du moment ou Pisistrate (600-527) instaura des concours. Toujours associés au culte de Dionysos, ceux-ci étaient organisés à l'occasion des grandes fêtes dionysiaques : les Lénéennes en janvier, et les Grandes Dionysies en mars.

La tragédie était représentée par le choeur et seulement par lui.

La première véritable tragédie est attribuée à Thespis qui, pendant la LXIe Olympiade (vers -535), aurait introduit un acteur afin de ménager un repos au choeur.
La première tragédie moderne serait la Sophonisbe de l'Italien Trissino, publiée en 1524. Elle fut adaptée par Saint-Gélais et représentée en 1556 à Blois. 
En 1549, Du Bellay, dans son ouvrage Défense et Illustration de la langue française, propose de remplacer les farces et moralités alors en usage par des spectacles plus dignes en s'inspirant des Anciens. L'idée d'un retour au modèle Grec est lancée. Jodelle la suivra.

Les Principaux Dramaturges grecs

Eschyle (525-456)
Il écrivit plus de 80 pièces, gagna 13 concours de Tragédie. Quatre pièces nous sont parvenues complètes : Les Perses, Agamemnon, Les Choéphores, Les Euménides. Et trois mutilées : Prométhée enchaîné, Les Suppliantes, Les Sept contre Thèbes.

Sophocle (497-405)
Il produisit 123 pièces environ et gagna le concours 18 fois. Nous sont parvenues : Ajax, Antigone, Les Trachiniennes, Oedipe-Roi, Oedipe à Colone, Electre.

Euripide (v.480-v.406)
Il aurait écrit 92 pièces, gagné le concours quatre fois. Subsistent : Alceste, Médée, Hippolyte, Iphigénie à Aulis, Les Bacchantes, Les Suppliantes, Andromaque, Héraclides, Ion, Hécube, Electre, Héraclès furieux, Iphigénie en Tauride, Les Phéniciennes.

"La véritable tragédie est l’école de la vertu ; et la seule différence qui soit entre le théâtre épuré & les livres de morale, c’est que l’instruction se trouve dans la tragédie toute en action ; c’est qu’elle y est intéressante, & qu’elle se montre relevée des charmes d’un art qui ne fut inventé autrefois que pour instruire la terre, & pour bénir le ciel, & qui, par cette raison, fut appelé le langage des Dieux. "
Volraire,  Dissertation sur la Tragédie.

L'ouvrage de référence :
La Poétique d'Aristote.

La tragédie avait un rôle social. Selon Pierre Vidal-Naquet, elle a accompagné le processus de mise en place d'une pensée sociale et juridique propre à la cité.

 

La musique et le mythe tragique expriment au même degré l'aptitude d'un peuple à l'esprit dionysiaque et sont inséparables. L'une et l'autre prennent leur source dans un domaine de l'art qui se situe au-delà du domaine apollinien ; l'une est l'autre exaltent une réalité où la dissonance aussi bien que l'aspect terrifiant de l'univers se résolvent en accords jubilants ; l'une et l'autre jouent avec l'aiguillon de la douleur primitive en se confiant à la puissante magie de leur pouvoir ; l'une et l'autre à travers ce jeu justifient même l'existence du pire des mondes. L'esprit dionysiaque, comparé à l'esprit apollinien, apparaît ici comme l'énergie artistique primordiale qui ne cesse d'appeler à l'existence le monde phénoménal tout entier, au sein duquel une nouvelle transfiguration devient nécessaire pour retenir à la vie le monde animé de l'individuation. Si nous pouvions nous représenter une dissonance incarnée - et l'homme est-il autre chose ? - celle-ci aurait besoin, pour vivre, d'une illusion souveraine qui lui couvre sa propre nature sous un voile de beauté. Telle est la véritable finalité artistique d'Apollon, sous lequel nous rassemblons les innombrables illusions de beauté qui, à tout instant, rendent la vie digne d'être vécue et nous font souhaiter de vivre l'instant suivant.
Nietzsche, Naissance de la Tragédie, Denoël, 1964.