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Décrit
par ses contemporains comme l'homme le plus aimable qui soit,
et doté de toutes les qualités requises pour briller dans la société
de son époque, Philippe Quinault était le fils d'un maître-boulanger.
Protégé du poète Tristan l'Hermite, il fit ses premières années
d'étude chez le maître écrivain Philippe Mareschal, avant d'entrer
au Collège du Cardinal Lemoine pour y apprendre le droit. Il devint
avocat en 1655, année où il publia également sa première pièce,
Les Rivales. A cette époque, et grâce à son aisance et
à son esprit, Quinault était déjà un des favoris des Salons précieux
où il figurait sous le nom de Quirinus. En 1660, Quinault épousa
une jeune veuve dont la dot lui permit d'acheter une charge de
Valet de Chambre du roi. La même année il commença à participer
à la création des divertissements royaux, écrivant des paroles
pour Le Triomphe de Bacchus dans les Indes, mascarade,
1666 ; Le Ballet Royal des Muses, 1666 ; Les
Poètes et La Pastorale comique, avec Molière, en 1667.
En 1670, il fut élu à l'Académie française, et en 1771, il obtint
la charge d'Auditeur de la Cour des Comptes. Par la suite il devint
le librettiste favori de Lully et écrivit pour lui ses plus belles
tragédies. Ses livrets furent souvent critiqués (Boileau lui reprocha
l'indigence de son vocabulaire), pourtant ils étaient parfaitement
adaptés.
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Le
site de Buford Norman
dédié à Quinault
Les Livrets sur Internet
Libretti on the Internet
En
français :
Jean-Baptiste
Lully
English
translations by Frank J.Morlock
Munseys
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Atys
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Bibliographie
(Bibliography)
Philippe Quinault,
Livrets d'Opéras, présentés et annotés par Buford Norman,
2 vol., in Collection de rééditions de Textes du XVIIe siècle,
Société de Littérature Classique, Toulouse, 1999.
(diffusion : Editions Klincksieck, Paris)
Buford Norman,
Touched
by the Graces: The Libretti of Philippe Quinault in the Context
of French Classicism,
Summa Publications, 2001.
William Brooks,
Philippe
Quinault, dramatist, Peter Lang, 2009.
Buford Norman,
Quinault,
Librettiste de Lully - Le Poète des Grâces,
Mardaga, 2009. Il s'agit de la traduction française, mise
à jour et augmentée,
de Touched by the Graces.
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Pièces
de Théâtre
Les
Rivales,
Stratonice, 1659
Astrate, tragédie, 1664.
La Mère Coquette, 1665.
La Comédie sans Comédie.
Bellérophon, tragédie, 1679.
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Terminez
mes tourments, puissant Maître du monde;
Sans vous, sans votre amour, hélas !
Je ne souffrirais pas.
Réduite au désespoir, mourante, vagabonde,
J'ai porté mon supplice en mille affreux climats ;
Une horrible Furie attachée à mes pas,
M'a suivie au travers du vaste sein de l'Onde.
Terminez mes tourments, puissant Maître du monde ;
Voyez de quels maux ici-bas
Votre épouse punit mes malheureux appas.
Délivrez-moi de ma douleur profonde ;
Ouvrez-moi par pitié les portes du trépas.
Terminez mes tourments, puissant maître du monde ;
Sans vous, sans votre amour, hélas !
Je ne souffrirais pas.
C'est Jupiter qui m'aime ! eh ! qui pourrait le croire ?
Je ne suis plus dans sa mémoire.
Il n'entend pas mes cris, il ne voit pas mes pleurs ;
Après m'avoir livrée au plus cruel des malheurs,
Il est tranquille au comble de la gloire ;
Il m'abandonne au milieu des douleurs.
Ah la fin, je succombe, heureuse si je meurs.
Isis,
V, 1, Io.
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Opéras
et Ballets
(musique de Lully)
La
Grotte de Versailles, églogue
en musique, 1668.
Psyché, tragédie-Ballet, 1671 (en collaboration avec Molière,
Corneille...)
Les Fêtes de l'Amour et de Bacchus, pastorale, 1672.
Cadmus et Hermione, tragédie, 1673.
Alceste ou le Triomphe d'Alcide, tragédie1674.
Thésée, tragédie,1675.
Atys, tragédie,1676.
Isis, tragédie, 1677.
Proserpine, tragédie, 1680.
Le Triomphe de l'Amour, ballet, 1681.
Persée, tragédie, 1682.
Phaéton, tragédie, 1683.
Amadis, tragédie, 1685.
Le Temple de la Paix, ballet, 1685.
Roland, tragédie, 1686.
Armide, tragédie, 1687.
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PROSERPINE,
par un Témoin de l'époque,
où comment l'on décryptait l'opéra.
"L'opéra
est au-dessus de tous les autres. Le chevalier dit qu'il vous
en a envoyé plusieurs airs et qu'il a vu un homme qui doit vous
avoir envoyé le livre ; vous en serez contente. Il y a une scène
de Mercure et de Cérès qui n'est pas bien difficile à entendre.
Il faut qu'on l'ait approuvée puisqu'on la chante ; vous en jugerez."
Madame de Sévigné, lettre du vendredi 9 février 1680
La scène dont
il est question était la suivante :
Proserpine vient trouver Cérès (I, 2), pour la prier, de la part
de Jupiter, de rendre fertiles les plaines de Phrygie, lui faisant
sentir combien elle devait être flattée de voir le plus puissant
des Dieux s'adresser à elle, mais Cérès lui répond :
"Peut-être qu'il m'estime
encore ;
Mais il avait promis qu'il m'aimerait toujours
(...)
Quand de son coeur, je devins souveraine,
N'avait-il pas le monde à gouverner ?
Et ne trouvait-il pas sans peine
Du temps de reste à me donner ?
Je l'ai vu sous mes lois, ce dieu si redoutable ;
Je l'ai vu plein d'empressement.
Ah ! qu'il serait aimable,
S'il m'aimait constamment !"
Là où l'opéra
montrait Jupiter et Cérès, la Cour voyait Louis XIV et Madame
de Montespan.
Pour cette même raison, Isis, valut à Quinault quelques
années de disgrâces, car on avait vu en la pauvre Io, poursuivie
par la furie vengeresse d'une Junon impitoyable, Madame du Ludre,
la nouvelle conquête du Roi. Madame de Montespan, quant à elle,
n'avait guère apprécié de se voir associée dans tous les esprits
à l'implacable Junon finit par obtenir qu'on éloignât Quinault
de la Cour. Quinault n'y était pour rien. L'Opéra avait été écrit
avant la liaison, et il avait obtenu l'aval de la censure, mais,
madame de Montespan fut aussi impitoyable que la Déesse à laquelle
on l'avait associée.
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